Ils sont apparus il y a une dizaine d’années en France, dans la lignée des expressionnistes historiques du début du XXe siècle, des artistes de l’Ecole de Londres, Bacon en particulier, à la suite de plus anciens, tels Rustin, Music, Nitkovsky. Certains ont rencontré le succès, d’autres créent dans les antichambres de la notoriété ou dans l’incognito. Ils sont nombreux, hommes et femmes, soutenus par de jeunes galeries d’art et de nouvelles revues. Ils sont surtout peintres et sculpteurs, parfois performers, parfois installationnistes, mais de toute façon s’en réfèrent à la tradition. Pourquoi s’intéresser à des peintres à l’heure de l’Art conceptuel et multimédia ? Pourquoi ces artistes-là, sombres, violents ? Parce que les plus ardents, les plus authentiques proposent un sens à travers les médiums traditionnels de la peinture et de la sculpture. Parce qu’ils jettent leur existence sur la toile, ses failles, son questionnement, et ses corps de chair et de peinture. Un essayiste devait sans tarder se pencher sur cette mouvance qui n’a pas encore de nom, si particulière à la France jusqu’ici rebelle à l’expressionnisme malgré Van Gogh, Gauguin, Rouault, Soutine, Fautrier, Music, Vlaeminck. Et tenter de comprendre ces artistes tragiques dans une époque et une société d’aujourd’hui, apparemment opulente et optimiste.