Gallery Space Place

Exposition à la Galerie Space Place – Nijni Taguil (Russie)

Space place Gallery

Catalogues, posters, advertising photos: the eyes are caught by the images of women imposed by advertising and media – fashion photos or lingerie where the dictatorship of a single female model reigns: ideal forms, unalterable and eternal youth, images with smooth skin and laminated faces without defects, body without organs. Modern icons that arouse admiration and envy, generate desires and disappointments with their procession of complexes and despair. Icons that have been devoid of any spirituality, images at the service of the power of money.
In front of this huge manipulation machine, feelings of indignation and anger have led me to paint over the photos, to replace these alluring images by paintings, by the mere work of a brush, colors, pigments, ink, pastels : this fight might be seen as “the earthen pot against the brass pot”.
Indeed.
But instead of a cunning use of symbols and images such as in advertising, Art is governed by its own search.
Advertising weakens our will, diverts our thought, ruins our values, whereas Art opens up our mind.
Where adverts alter our values, Art deepens our spiritual thought.
Art enriches our perception and leaves our will free.

(Quoting J.M. Coetzee : «As a young man, I never for a moment allowed myself to doubt that only from a self desengaged from the mass and critical of the mass could true art emerge.»)

Anna Maria Cutolo
July 7th 2019

PS – In this exhibition, what was formerly painting over photo will become a photo of a painting – instead of “ashes to ashes” we are here in “photo to photo”.
Will this process then turn the earthen pot into a brass pot ?

les peintres de l’agonie

Ils sont apparus il y a une dizaine d’années en France, dans la lignée des expressionnistes historiques du début du XXe siècle, des artistes de l’Ecole de Londres, Bacon en particulier, à la suite de plus anciens, tels Rustin, Music, Nitkovsky. Certains ont rencontré le succès, d’autres créent dans les antichambres de la notoriété ou dans l’incognito. Ils sont nombreux, hommes et femmes, soutenus par de jeunes galeries d’art et de nouvelles revues. Ils sont surtout peintres et sculpteurs, parfois performers, parfois installationnistes, mais de toute façon s’en réfèrent à la tradition. Pourquoi s’intéresser à des peintres à l’heure de l’Art conceptuel et multimédia ? Pourquoi ces artistes-là, sombres, violents ? Parce que les plus ardents, les plus authentiques proposent un sens à travers les médiums traditionnels de la peinture et de la sculpture. Parce qu’ils jettent leur existence sur la toile, ses failles, son questionnement, et ses corps de chair et de peinture. Un essayiste devait sans tarder se pencher sur cette mouvance qui n’a pas encore de nom, si particulière à la France jusqu’ici rebelle à l’expressionnisme malgré Van Gogh, Gauguin, Rouault, Soutine, Fautrier, Music, Vlaeminck. Et tenter de comprendre ces artistes tragiques dans une époque et une société d’aujourd’hui, apparemment opulente et optimiste.

la défiguration

la défiguration

Tenter l’approche du visage plus vrai que le visage d’apparence. Où est-ce ce visage en deçà de soi qui advient comme miroir ? Ou est-ce l’autre de soi, perçu par autre chose que l’œil ? Senti par le noir du corps, mis au monde par la caverne du cerveau, dans la grotte du ventre, boue des humeurs, du sang, veines, nerfs et muscles enchevêtrés qui se mettent à penser ? Si, d’aventure, le visage se décompose sur la toile, il se recompose dans l’œil de celui qui le regarde, regagne sa dignité. Et en retour, qu’est donc cette matière qui nous rend un regard ? Une photo capte la peau – la peinture la troue. Le visage de peinture n’a pas d’identité – ou les a toutes, défiguré, le visage est celui de tous. De quelle glaise demandent-ils à sortir ? Visage comme trou béant dans notre désir.

azart

Azart

« Véritable expression des profondeurs, la peinture d’Anne-marie Cutolo fait surgir des ténèbres des individus hagards. Ils nous renvoient à cette vérité terrible que nous tentons de cacher dans les profondeurs de nos âmes : sans l’espérance, la mort est effroyable. Un travail rare, solitaire, exigeant… »

AZART n° 30 Janvier – Février 2008